Posture respectueuse (école alternative sans violence)

Les violences éducatives ordinaires dans nos écoles

Comme vous avez pu le constater dans le précédent article de cette catégorie : La VÉO : qu’est ce que c’est ? , les Violences Éducatives Ordinaires sont très nombreuses, répandues et se retrouvent à tous les niveaux de notre quotidien : à la maison, dans nos relations parents-enfants,… mais également à l’école , de manière sournoise et insidieuse car invisible ou presque, et de ce fait, méconnue.

En effet et bien malheureusement, notre système éducatif français – par son mode de fonctionnement et les valeurs qui y sont prônées – a installé et bien ancré au sein de nos écoles une multitude de VÉO. C’est d’ailleurs et en premier lieu au sein même de sa structure que sont présentes les premières VÉO.

En effet, le système éducatif français est composé de 3 parties : la maternelle, l’école élémentaire et le secondaire (collège et lycée). Et chacune de ses parties est elle-même divisée en cycle pédagogique : le cycle 1, appelé Cycle des Apprentissages Premiers , et qui regroupe les 3 années de maternelle (Petite Section, Moyenne Section et Grande Section) ; le cycle 2, appelé Cycle des Apprentissages Fondamentaux et qui regroupe les classes de CP/CE1 et CE2 ; le cycle 3 , appelé Cycles des Approfondissements et qui concerne les classes de CM1/CM2 et la 6ème, première année de collège ; le cycle 4 , quant à lui, regroupe les 3 années suivantes du collège, 5ème/4ème et 3ème ; et enfin le lycée, avec les niveaux 2nde/1ère et Terminale. Ainsi, pour chaque année de chaque cycle, un programme est établi avec des attendus de fin de cycle bien déterminés :  chaque enfant dans chaque école va donc suivre ce même programme et sera évalué en fonction de ces attendus qui ont été définis et selon lesquels « un enfant de fin de cycle ( …) doit maîtriser telle compétence, doit être capable de ( …). » Ce qui signifie que sont proposés à l’école des apprentissages faisant partie du programme de ce cycle, peu importe si l’enfant y est sensible ou pas à ce stade de son développement . Et si un enfant , à l’inverse, manifeste un intérêt pour un apprentissage faisant partie d’un autre cycle, il lui sera répondu qu’il est trop petit et qu’il verra cela plus tard lorsqu’il passera dans la classe au-dessus ! Au sein d’une classe, les mêmes activités proposées à un même rythme d’assimilation sont censées correspondre à 25/30 enfants – certes du même âge – mais à différents stades de développement et avec des périodes sensibles différentes…C’est là que sont présentes les premières VÉO car l’école ne respecte pas le développement de l’enfant et ne nourrit pas – ou du moins pas de la bonne façon – son besoin d’apprendre. De plus, par son enseignement figé et ses évaluations selon lesquelles un enfant de tel âge doit savoir faire telle chose à tel moment précis, l’école place l’enfant en situation d’échec : un enfant peut avoir besoin de temps supplémentaire pour assimiler une notion, ou il peut tout simplement ne pas y être sensible à la fin du premier trimestre mais parfaitement au début du second…mais malheureusement cette notion figurant au programme du premier trimestre, elle sera considérée comme «  non-acquise » et l’enfant ,comme «  ayant des difficultés » …

Donc un système éducatif qui, par son enseignement figé et évaluateur, ne prend pas en compte l’individualité de chaque enfant, ne permet pas à chacun de s’épanouir et introduit ces notions de réussite et d’échec. Un système dans lequel les enfants passent beaucoup de temps à copier des informations, avec beaucoup d’apprentissages par cœur : on cherche à formater l’esprit et on n’encourage pas l’expression et le développement personnel. Un système qui instaure une Haute Compétition : les enseignants attendent beaucoup des élèves et le système est difficile pour ceux qui ont besoin de plus de temps pour assimiler. Et nous connaissons  pertinemment les conséquences de ces jugements sur le développement de notre estime de soi, de notre empathie, …

C’est également le rythme même de l’école qui est source de violence : dès la première année de maternelle , les journées sont de 6 heures pour un enfant de 2 / 3 ans , environ 3 heures le matin et 3 heures l’après-midi. Des journées beaucoup trop longues, au cours desquelles on demande aux enfants de passer beaucoup de temps assis : sur une demi-journée de 3 heures le temps de récréation qui permet aux enfants de prendre l’air, de courir , de sauter, de crier, de se dépenser,… est d’environ 20 à 30 minutes. Et c’est le rythme biologique de chaque enfant qui n’est pas respecté : le repas se fait à la même heure pour tous , que l’enfant mange à la cantine ou qu’il rentre à la maison, peu importe à quelle heure il a pris son petit déjeuner le matin ou s’il a tout simplement faim ; et la sieste se fait également tous ensemble, à la même heure et sur la même durée. Certains n’ont pas leur quota de sommeil nécessaire car il faut les réveiller, d’autres terminent la journée sur les nerfs car un temps de sieste – non utile d’ailleurs – leur a été imposé…

Les Violences Educatives Ordinaires sont donc présentes dans la structure même de notre système éducatif, mais elles le sont également au quotidien. Et ce malgré toute la bonne volonté et l’investissement de certains enseignants, des ATSEM , du personnel éducatif,… qui parfois, sans s’en rendre compte, introduisent des VÉO dans leurs pratiques.

Les violences que l’on rencontre à l’école peuvent être classées en deux catégories : les violences dites physiques, et celles dites psychologiques.

Les violences physiques prennent leur source dans l’image traditionnelle de l’école, lieu d’autorité dans lequel l’enseignant est là pour faire régner un climat propice aux apprentissages : strict, sévère, vertical (l’enseignant sur son estrade , déversant tout son savoir à ses élèves assis en rang, prenant note de chacune de ses paroles) et de crainte. Un lieu dans lequel l’enseignant est là pour transmettre ses connaissances et pour amener ses élèves au niveau de compétences attendu à leur âge… et non pour accompagner, guider, réconforter… Alors, pour parvenir à installer ce climat rigide avec des classes surchargées à 30 enfants, l’individualisation est mise de côté au profit d’un fonctionnement uniforme : tout le monde doit avoir envie de faire pipi en même temps, doit boire en même temps, doit être attentif et concentré en même temps. La journée d’école est chronométrée et séquencée : chaque activité se fait sur un créneau horaire bien précis, y compris la pause pipi…et aussi la séparation d’avec le parent qui dépose son enfant à l’école . Là encore, si l’enseignant veut parvenir à faire sa journée marathon dans les temps, il n’aura ni le temps ni la disponibilité d’accorder à chaque enfant le temps d’acclimatation dont il a besoin le matin en arrivant : alors cette transition parent-école se fait courte. Il est d’ailleurs vivement conseillé aux parents de ne pas rentrer dans la classe et de partir le plus rapidement possible. Si l’enfant pleure alors on le laisse pleurer (et même avec la meilleure volonté de l’enseignant, il lui est bien difficile de consacrer du temps à 1 enfant quand il y en a 29 autres). Si ces pleurs durent et perturbent le fonctionnement de la classe, alors des gestes comme tirer l’enfant pour le mettre le plus à l’écart possible rapidement ou le secouer un peu en lui ordonnant de se calmer ont malheureusement encore trop souvent lieu. On peut également retrouver , surtout chez les enseignants «  ancienne génération » , des gestes tels que tirer l’oreille – taper sur la main ou encore pincer les joues.

Quant aux violences psychologiques, elles-aussi viennent en partie de cette image de l’école stricte avec un enseignant autoritaire qui est là pour faire régner l’ordre et absolument pas pour être figure d’attachement, qui rassure et réconforte . Ainsi il est perçu comme «  ordinaire »  que l’enseignant hausse le ton et fasse les gros yeux pour que règne l’ordre ; qu’un élève soit isolé temporairement des autres (au coin, sur une chaise à l’écart “pour réfléchir” ou dans le couloir) ; que soient données des punitions – individuelles ou collectives – ou encore que l’objet transitionnel si important pour certains enfants (généralement le doudou, la tétine) soit interdit en classe et seulement toléré pour le temps de sieste.

D’autres violences psychologiques découlent directement de ce qui a été évoqué plus haut dans cet article, à savoir un enseignement évaluateur. L’école crée ainsi tout un système lui permettant d’évaluer chaque élève avec des notes, et  par-là même une classification des élèves : il y a dans chaque classe le 1er, puis le 2ème, le 3ème et ainsi de suite. Les « bons élèves » se voient attribués des récompenses et les « moins bons » des appréciations négatives, des comparaisons ;  ils sont stigmatisés comme étant « les élèves en difficulté ». Ce ne sont plus des élèves parmi les autres, mais « des élèves en difficulté » qui deviennent bien souvent source de moquerie et de propos humiliants. En plus de noter, évaluer, l’école aime créer des tableaux d’appréciation. Ainsi, à la fin de chaque journée ou de chaque semaine, le bilan est fait et chaque enfant repart chez lui « étiqueté » et «  coloré » : soit tout vert s’il s’est bien comporté (ou un petit bonhomme qui sourit), soit orange si le bilan est mitigé, soit tout rouge (ou un petit bonhomme pas content du tout). Ainsi encore, les enfants se retrouvent catalogués et ce système vient renforcer la compétition entre les élèves et la distinction entre les  « bons » et les « mauvais », et ce, dès le plus jeune âge . Une méthode qui n’a d’autre effet que d’accentuer le mal-être de nombreux enfants qui ne trouvent pas leur place dans ce système.

Pour conclure, comme nous avons pu le constater tout au long de cet article, les Violences Éducatives Ordinaires à l’école – en plus d’être nombreuses- sont lourdes de conséquences pour les enfants.

Que pouvons-nous alors proposer et mettre en place pour enrayer ces violences et permettre à nos enfants de s’épanouir et de devenir des adultes éclairés… les citoyens de demain ? C’est ce que nous allons découvrir dans les prochains articles !


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2 réflexions au sujet de “Les violences éducatives ordinaires dans nos écoles”

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