Si nous reprenons la liste des documents à fournir pour la demande d’agrément, il nous reste à voir « l’adresse de l’établissement », « le plan des locaux ». Il va donc maintenant falloir s’atteler à la recherche du local ! Nous allons enfin entrer dans du concret et laissez un peu de côté la rédaction ! On passe à l’action !
Il faut savoir que comme les micro-crèches ont été créées à titre expérimentale, il existe très peu de législation en la matière. Les critères exigés le seront principalement par le médecin de PMI référent de votre structure. Pour commencer il va donc falloir prendre contact avec lui, lui présenter votre projet, et collecter le maximum d’informations possibles sur ses attentes en matière de local. Car, rappelons-le, c’est la PMI qui va se prononcer sur l’agrément de votre future micro-crèche et il vaut mieux connaître ses exigences avant de vous engager sur un local qui ne correspondrait pas, ou qui engendrerait des frais trop importants par rapport à ce que vous avez prévu.
Il y a par ailleurs des critères de « bon sens » que vous pouvez déjà commencer à rechercher et ainsi faire vos premières démarches. En attendant le rendez-vous tant attendu avec la PMI vos premières recherches vous permettront d’estimer le budget qui sera nécessaire, les villes ou quartiers qui répondent le mieux à vos attentes. Dans cette grande aventure, qui sera la plus longue et la plus épuisante moralement (vous connaissez les montagnes russes émotionnelles ? Accrochez-vous, ça décoiffe !) toutes les possibilités s’offrent à vous : la location à un particulier d’une maison ou d’un appartement d’habitation, d’un ERP (Établissement Recevant du Public), louer à une agence immobilière classique ou spécialisée,acheter ou faire construire une maison ou encore (le meilleur pour la fin) occuper des locaux qui sont mis à votre disposition par la mairie (gratuitement ou en contrepartie d’un petit loyer). À ce stade de votre projet aucune de ces solutions n’est à mettre de côté, car tout dépendra du marché de l’immobilier sur votre zone d’implantation, de l’architecture générale (je pense notamment aux maisons de villes qui sont à proscrire), des surfaces de terrains, des prix…
Tout d’abord pensez que le local que vous allez choisir devra répondre à des normes de sécurité et d’accessibilité puisqu’il s’agit d’un (ERP) et qu’à ce titre il doit par exemple être accessible aux personnes à mobilité réduite. Cela signifie qu’il vaut mieux choisir une maison avec une entrée de plain-pied, un appartement en rez-de-chaussée ou avec un ascenseur. Ne visitez jamais sans votre mètre ! La porte d’entrée doit mesurer un minimum de 0.80m et ce n’est qu’une des nombreuses caractéristiques que doit rassembler votre local. Mais sachez qu’en matière de lieu, rien n’est impossible. Peut-être que la maison que vous convoitez à des marches à l’entrée mais possède d’autres entrées possiblement aménageables ? Ou peut-être que dans votre budget des travaux pour réaliser une rampe d’accès sont envisageables ?
Sachez également que pour des raisons de sécurité notamment en cas d’incendie, il vaut mieux choisir un lieu entièrement de plain-pied. En effet, imaginez sortir 10 enfants dont des non-marcheurs qui dorment à l’étage d’une maison en feu ! Si vous êtes deux ou trois professionnelles sur place il va vous falloir beaucoup d’aller-retour pour sortir tout le monde, et ce temps est précieux en cas d’incident grave, de même si les pompiers doivent intervenir rapidement. Si votre PMI et la commission de sécurité accepte que vous installiez votre micro-crèche dans un local à étage, il faudra évidemment penser à sécuriser le ou les escaliers : les marches bien entendu, mais aussi le « pallier » s’il y en a un afin d’éviter tout risque de chute. Les étages ne sont pas interdits, mais généralement il est interdit qu’il s’agisse de pièces où les enfants séjourneront. L’étage peut néanmoins accueillir votre bureau ou les locaux techniques par exemple.
Concernant la surface, un minimum de 100m2 est souvent préconisé par les médecins référents de PMI. La disposition des pièces est importante : l’entrée ne peut pas se faire dans une chambre, elle doit également dans le meilleur des cas être séparée ou au moins à l’écart de l’espace de jeux afin que les enfants ne puissent pas sortir discrètement lorsque la porte est ouverte et afin de les prémunir des courants d’air. L’entrée des parents doit être réfléchie en toute sécurité (interphone, visiophone ou entrée à code dont celui-ci est changé régulièrement afin d’éviter toute intrusion).
L’espace de jeux doit être la superficie la plus grande, elle doit offrir des fenêtres afin de permettre l’aération du lieu d’autant que depuis Janvier 2018 un audit sur la qualité de l’air est obligatoire. Et pour assurer un air sain il faut aérer régulièrement (en dehors de la présence des enfants). Lorsque vous visitez un local, projetez-vous avec 10 bambins qui jouent et vivent dans cet espace ! Il doit être spacieux, agréable, lumineux, et dans l’idéal sans poteau au milieu. Vérifiez l’emplacement des radiateurs, des portes, des fenêtres afin de réfléchir à comment aménager cette pièce pour qu’elle soit chaleureuse et donne envie de jouer, pour qu’il y ait suffisamment d’espace pour y créer un coin moteur, pour que marcheurs et non-marcheurs puissent y jouer en sécurité (sauf si vous optez pour des sections séparées bien-sûr !). De mon expérience personnelle, je peux vous dire que des locaux avec de grandes baies vitrées partout sont très agréables, pour autant il est très difficile d’aménager une salle comblée de fenêtres, de plus, selon la saison il peut également être difficile de protéger les enfants du soleil qui frappe au carreau sans être dans le noir…
Les chambres peuvent être au nombre d’une ou deux minimums. L’idéal étant deux chambres séparées afin de respecter le rythme de sommeil des enfants aux âges et besoins différents également pour que les allers et venues dans cet espace de repos soient limitées pour ne pas perturber la tranquillité des enfants. Cela permet également d’aménager les espaces différemment selon l’âge des enfants qui vont y dormir (les lits notamment, des livres à disposition…).
Le local doit posséder un point d’eau pour le coin change. Encore une fois pas de règles fixes mais pour ceux qui ont travaillés en crèche vous avez pu remarquer comme il est confortable d’avoir une vue sur l’espace de jeux lorsque l’on est occupé à changer un enfant. L’idée est donc d’avoir un coin en retrait, sans forcément qu’il ne soit fermé, par contre il est indispensable qu’il ne soit pas à la vue de tous afin de préserver l’intimité de l’enfant mais également la relation privilégiée adulte-enfant durant ce moment.
Concernant la cuisine tout dépend de votre choix pour la restauration : les normes diffèrent selon que vous prépariez vous-même les repas, que vous vous les fassiez livrer ou que les parents les fournissent. Là encore les conseils de votre médecin référent et des services vétérinaires seront indispensables pour trouver le local qui correspond à vos attentes et votre projet. En tous les cas il vous faudra la place de mettre au minimum un four, un frigo, un point d’eau (différent de celui du coin change), un lave-vaisselle et une machine à laver si vous souhaitez les installer dans la cuisine.
Le stationnement est indispensable, et évidemment l’entrée de votre crèche ne doit pas se faire au bord d’une route très passante qui représenterait un danger pour les parents qui arrivent les bras chargés de cosy et autres sacs à langer. Vous devez également penser au stationnement de vos futurs salariés ! Payer un parking pour aller travailler n’est pas un très bon argument à l’embauche…
L’extérieur doit être propre et sécurisé. Toutes les ouvertures doivent pouvoir être fermées à clefs et les enfants ne doivent ni pouvoir escalader, ni pouvoir ouvrir les portes seuls.
Concernant les revêtements de sols, les diverses protections, rapprochez-vous de votre PMI pour connaître ses critères. Par exemple le médecin de mon secteur interdisait le carrelage au sol, alors qu’à 15 kms de ma micro-crèche il était autorisé. Certaines PMI exigent que toutes les jointures de portes soient sécurisées pour éviter le pincement de doigts, d’autres pas, certaines demandent également un oculus (petite fenêtre) à chaque porte de chambre, d’autres invitent simplement à laisser la porte ouverte en permanence.
La recherche d’un local est très longue et fastidieuse. Vous allez visiter énormément, être déçu, ou bien vous allez vous projeter totalement dans l’un d’entre-eux mais c’est l’agence ou le propriétaire qui refusera votre projet. Sachez que les micro-crèches ne jouissent pas d’une belle image et que les personnes qui sont étrangères au monde de la petite enfance sont extrêmement frileuses à louer pour ce genre de projet. Pour eux les enfants abiment, cassent, font du bruit, dérangent le voisinage. Concernant les constructions, toutes les entreprises de construction n’acceptent pas de construire pour abriter une entreprise… À vous de trouver les arguments pour les faire changer d’avis, et en général ces arguments tournent autour du financier ! Ne vous découragez pas, parlez-en autour de vous le réseau est très important lorsqu’on mène ce genre de projet et votre futur petit nid pourrait bien venir d’un concours de circonstances inattendu !
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